Ma dernière journée

Avant de commencer, je tiens à préciser que ce récit est totalement fictif même s’il est basé sur des personnes réelles.

L’idée m’est venue au 17ème étage du complexe Jules Dallaire dans l’aire de repos du SkySpa de Québec.

Assis à relaxer en silence et à contempler la vue à l’infinie devant moi, je me suis rendu compte de la chance que j’avais et combien mes petits problèmes quotidiens étaient futiles.

Perdu dans mes pensées, je me suis mis à imaginer à quoi pourrait bien ressembler ma dernière journée de vie lorsque cette dite chance que j’ai m’aura quittée.

Oui je sais ça peut paraître morbide mais la mort fait tout de même partie de la vie et de toute façon je me rends compte que j’ai plus de facilité à écrire dans un style dramatique.

Honnêtement, je crois que ce texte fût l’un des plus difficiles pour moi à écrire mais oh combien il m’a fait du bien…

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Moi, 45 ans, prisonnier de mon corps aux soins palliatifs de l’hôpital X.

Je dis prisonnier de mon corps car mes yeux sont fermés, je ne peux plus parler et mes muscles sont paralysés à cause de tous les anti-douleurs qu’on m’injecte pour me garder en vie quelques heures de plus.

Par contre, on dirait que ma conscience elle, plane au-dessus de moi ce qui me permet de suivre ce qui se passe alentour tel un ballon qui flotte au-dessus de ma tête et attaché à mon poignet.

Bref, je ne suis pas encore mort mais j’ai entendu les infirmières parler dans le corridor comme quoi la prochaine dose de morphine sera la dernière car mon coeur ne le prendra pas.

Ça explique donc le fait que toute ma famille proche soit réunie autour de mon lit. Quelqu’un a dû les prévenir que ce serait la fin dans quelques minutes.

Je me souviens encore il y a de cela 2 ans les paroles de mon médecin:

« Je suis désolé Monsieur D., mais je dois malheureusement vous annoncer que vous avez le cancer de l’estomac. Nous devons commencer les traitements dès maintenant car il semble très agressif. »

Dès la prononciation du mot « cancer », le son ambiant fut coupé drastiquement. Comme si on avait tiré du pistolet juste à côté de ma tête.

Je voyais les lèvres du médecin bouger et les larmes de ma femme coulées sur ses joues mais je n’entendais plus rien.

Car depuis quelques mois déjà, il me semblait de plus en plus difficile de digérer les repas. La consommation d’alcool me brûlait l’estomac aussi.

Je ne me faisais pas trop d’inquiétudes avec ça et me disait que rendu à 43 ans, c’était le genre d’inconfort qu’il fallait apprendre à apprivoiser et qui partirait probablement d’ici quelques semaines. De plus, la perte de poids qui résultait du fait de moins manger et boire me rendait plutôt de bonne humeur.

Par contre, c’était suite à quelques vomissements contenant du sang que j’avais décidé en vitesse de voir le médecin.

Donc après 2 ans de « combat » contre un ennemi invisible qui me bouffait de l’intérieur, il avait finalement gagné et viendrait réclamer son prix aujourd’hui.

Ce fût une bataille assez injuste dans le sens de comment faire pour gagner contre un adversaire qu’on ne peut même pas voir. On aurait peut-être pu négocier tous les deux mais non il avait décidé de tout ravager le salaud.

Bref, de voir ma famille ainsi réunie autour de mon lit d’hôpital, j’ai eu le goût de vous livrer un message :

Mes amis, vous qui représentez parfaitement la définition du mot amitié. Que de beaux souvenirs à vos côtés. Gardez votre folie et votre jeunesse.

Mes chers beaux-parents, toujours prêts à nous donner un coup de pouce et nous offrir votre aide. S’il vous plaît, continuez de prendre bien soin de votre fille et encore plus à partir de maintenant. Elle aura besoin de vous plus que jamais.

Mes parents, quoi dire de plus que merci. Merci d’avoir toujours été si présents pour nous. Merci pour les valeurs que vous m’avez transmises. Merci d’avoir fait en sorte que nous n’ayions jamais manqué de rien et même d’avoir été si gâtés. Je voudrais m’excuser de vous faire subir la perte d’un enfant. J’aurais préféré que ce soit différent mais dites vous qu’une grande partie de moi continuera de vivre à travers vos 2 petits-fils.

Ma soeur, toujours aussi belle avec les années. Tu es une maman merveilleuse et surtout une femme extraordinaire et ça, ne l’oublie jamais. Ton honnêteté et ton sourire me manqueront c’est certain.

Mon frère, je sais que pour toi le chemin n’a pas toujours été facile mais quand je te regarde maintenant aussi heureux avec ta petite famille et surtout de l’homme que tu es devenu, je me dis que je n’aurais pas pu choisir mieux pour me remplacer en temps qu’aîné de la famille.

Mon grand Zachary, mon premier fils, mon grand sensible. Un coeur tellement grand dans un monde souvent trop cruel. Je ne peux pas croire que tu sois déjà rendu un adulte. Tu as toujours été un enfant que n’importe quel parent aurait aimé avoir. Nous avions une relation père-fils tellement spéciale et unique. Je ne pourrai plus te protéger maintenant mais je suis fier de l’homme que tu es en train de devenir et j’ai confiance que tout ira bien pour toi. N’aies pas peur de t’exprimer et de dire ce qui te dérange dans la vie car tu serais surpris de constater le nombre d’oreilles qui sont prêtes à t’entendre et à t’écouter. Bref, prends la place qui te revient dans le monde et ne laisse personne te dire quoi penser. Et surtout, s’il te plait, prends bien soin de ton petit frère ainsi que de ta mère car ce sera toi maintenant l’homme de la maison.

Jacob, ma petite terreur qui s’est transformée en grande terreur avec le temps. On peut dire que tu nous en a fait voir de toutes les couleurs à ta mère et moi. Par contre, on ne pourra jamais t’enlever le fait d’être aussi vivant et authentique. Du haut de tes 14 ans maintenant, tu ne te laisses jamais marcher sur les pieds et tout le monde sait que tu es là quand tu entres dans la pièce. Ton frère et toi vous compléter à merveille et je suis certain que vous prendrez bien soin de votre mère.

Ma femme, mon Dieu par où commencer. Ma muse, mon inspiration, mon âme-soeur. Malgré toutes les épreuves que cette maladie nous a fait vivre depuis 2 ans, tu n’as jamais quitté mon chevet et tu t’es toujours bien occupée de moi. Je te regarde et je vois bien que la fatigue et la peine pèsent très lourd sur toi. Il est temps pour moi de partir et te redonner ta vie. Je ne pourrais pas avoir demandé une meilleure personne pour m’accompagner pendant plus de 20 ans. J’espère que tu seras en mesure de refaire ta vie car si je me fie à la générosité et au don de soi dont tu as fait preuve tout au long de ma maladie, je te dirais que tu vas vivre jusqu’à 150 ans au moins.

Bon je vois l’infirmière qui entre dans la chambre avec la dernière seringue.

Dans quelques secondes ce sera terminé. Je regarde les gens autour de moi et j’aimerais pouvoir leur dire de ne pas être si tristes. Au final, pour eux, ils me perdent seulement moi mais de mon côté, ce sont tous ces gens que je vais perdre d’un coup.

Je sens le liquide chaud passer dans mes veines…

Ma vision commence à diminuer comme si on éteignait la lumière tout doucement. Je ne vois presque plus rien… J’ai le goût de dormir…

Je ferme les yeux… c’est fini…. mais je sais qu’on va tous se revoir un jour.

À bientôt !

Une réflexion sur “Ma dernière journée

  1. Très très touchant á lire et très beau á la fois par contre tu es trop jeune pour nous quitté donc en te lisant j’ai rajouté 20 ans á ta vie de cette façon je pourrai pas subir cette peine car je serai plus là donc ta femme, ma fille, pourra se faire consolé par sa mère et ces deux grand garçon qui seront de grand aldulte

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